Morphine : effets secondaires, élimination et soins palliatifs (2025)

Morphine : effets secondaires, élimination et soins palliatifs (1)

Par le Dr Justine Delestrées
Pharmacienne

La morphine est un antalgique opioïde de palier 3. En raison du risque de dépendance accrue, elle est classée comme substance stupéfiante. Il existe diverses formes pharmaceutiques. Sa prescription est limitée à 28 jours. Elle est utilisée pour traiter des douleurs d’intensité sévère non soulagées par des antalgiques moins puissants, comme des douleurs cancéreuses. Son utilisation est possible à tous les âges de la vie, mais n’est pas recommandée au long cours chez la femme enceinte ou allaitante. Les médicaments qui contiennent de la morphine sont Actiskenan, Moscontin, Oramorph, Skenan, etc.

Indications : pourquoi prendre de la morphine ?

La morphine est indiqué en cas de douleurs intenses et/ou non soulagées par d’autres antalgiques moins puissants (ibuprofène, tramadol, codéine).

Informations pratiques

Substance

Morphine

Famille

Antalgiques de palier 3

Formes

Comprimé orodispersible, comprimé enrobé à libération prolongée, comprimé pelliculé, gélule, microgranules à libération prolongée, solution buvable, solution injectable

Mode d’administration

Voie orale ou injectable

Femme enceinte

Cette substance est déconseillée au cours de la grossesse.

Allaitement

Cette substance est déconseillée au cours de l’allaitement.

Conduite

Niveau 2
Ce principe actif peut induire une somnolence et altérer la vigilance.

Ordonnance

Oui

Prix et remboursement

  • Indicatif: de 8,22 € à 15,59 € les 10 ampoules injectables de morphine, 1,73 € à 5,17 € la boîte d’Actiskenan, 7,17 € à 21,93 € la boîte de Moscontin.
    Remboursement Sécurité Sociale : 65 %.

Risque d’antibiorésistance

Non

Qu’est-ce que la morphine ?

Comment agit la morphine ?

Elle stimule les récepteurs morphiniques µ («mu») au niveau du cerveau, de la moelle épinière et des muscles lisses.

Dans quels cas je ne dois pas prendre de morphine ?

Contre-indications

  • Une allergie à l’un des composants des médicaments;
  • Une insuffisance respiratoire décompensée;
  • Un asthme sévère;
  • Une BPCO;
  • Une altération sévère de la fonction du foie;
  • Un traumatisme crânien;
  • Une occlusion intestinale;
  • Une hypertension intracrânienne;
  • Une épilepsie non contrôlée;
  • Allaitement;
  • Des troubles de l’hémostase (pour les voie péridurale, intrathécale et intraventriculaire);
  • Des infections cutanées ou générales en évolution (pour les voie péridurale, intrathécale et intraventriculaire).

Précautions d’emploi

L’utilisation de la morphine doit se faire avec prudence en cas d’altération de la fonction des reins ou du foie, d’un transit intestinal ralenti, d’une dépendance à une drogue, d’un syndrome d’apnée du sommeil.

En cas d’interruption du traitement, les doses doivent être réduites progressivement pour limiter la survenue d’effets indésirables.

Peut-on prendre de la morphine et boire de l’alcool ?

La consommation d’alcool est déconseillée avec la prise de morphine au risque de majorer l’effet sédatif et l’altération de la vigilance.

Surdosage : à partir de combien, que faire ?

Un surdosage se manifeste par une perte de conscience, une dépression respiratoire voire un coma pouvant conduire au décès. Dans ce cas, une hospitalisation est nécessaire pour bénéficier d’une ventilation assistée, d’une administration de naloxone.

Public

Posologie recommandée

Enfant

-Voie intraveineuse: 1 dose de 0,025 à 0,1 mg/kg puis 0,025 mg/kg toutes les 10 minutes.
-Voie péridurale: 0,03 à 0,05 mg/kg toutes les 12 à 24 heures.
-Voie orale: débuter à 1 à 20 mg toutes les 4 à 6 heures selon le poids pour les formes à libération immédiate et à 1 mg/kg/jour en 2 prises pour les formes à libération prolongée.

Adulte

-Voie intraveineuse: 1 à 3 mg toutes les 10 minutes ou 0,3 mg/kg/jour en perfusion.
-Voie sous-cutanée: 5 à 10 mg toutes les 4 à 6 heures ou 0,5 mg/kg/jour en perfusion.
-Voie péridurale: 2 à 6 mg toutes les 12 à 24 heures ou 10 % de la posologie en IV/jour.
-Voie intrathécale: 0,1 à 0,2 mg toutes les 12 à 24 heures ou 1 % de la posologie en IV/jour.
-Voie intraventriculaire: 0,1 à 0,2 mg/jour.
-Voie orale: débuter à 10 à 20 mg toutes les 4 à 6 heures pour les formes à libération immédiate et à 60 mg/jour en 2 prises pour les formes à libération prolongée.

Personne de plus de 65 ans, insuffisant rénal

Réduire les posologies de moitié.

Modes d’administration

  • Avaler les comprimés entiers ou les gélules entières avec un verre d’eau.
  • Dissoudre les comprimés orodispersibles dans la bouche ou dans un peu d’eau avant de les avaler.
  • Boire directement la solution buvable ou la mélanger à une purée ou à un yaourt.
  • La solution injectable est administrée par voie intraveineuse, sous-cutanée, péridurale, intrathécale ou intraventriculaire par un professionnel habilité.

Formes disponibles

  • Comprimé orodispersible;
  • Comprimé enrobé à libération prolongée;
  • Comprimé pelliculé;
  • Gélule;
  • Microgranules à libération prolongée;
  • Solution buvable;
  • Solution injectable.

Peut-on prendre de la morphine avec d’autres médicaments ?

Médicaments à éviter

Associations contre-indiquées:

  • La buprénorphine (traitement de substitution aux opioïdes) réduit l’efficacité de la morphine.
  • La naltrexone et le nalméfène (traitements du sevrage alcoolique) réduisent l’effet induit par la morphine sur les douleurs.
  • Les antidépresseurs IMAO Marsilid et Moclamine favorisent les crises d’hypertension artérielle.

Associations déconseillées:

  • Les autres médicaments sédatifs (analgésiques et antitussifs dérivés de la morphine, somnifères, anxiolytiques, antihistaminiques, neuroleptiques) augmentent le risque de somnolence, d’altération de la vigilance et de dépression respiratoire.

Associations faisant l’objet de précautions d’emploi:

  • La rifampicine (antibiotique) diminue les concentrations de la morphine dans l’organisme et donc son efficacité.
  • Les dérivés de la morphine (codéine, fentanyl, oxycodone, tramadol, dextrométorphane) favorisent la survenue de dépression respiratoire pouvant conduire au décès.

Précautions en cas d’interaction

Seul le médecin prescripteur peut juger de la nécessité d’associer deux traitements qui interagissent entre eux. En cas prise de deux médicaments sédatifs, la conduite d’un véhicule n’est pas recommandée.

Conseils pour gérer les interactions potentielles

  • Ne pas prendre de médicaments sédatifs en automédication si vous prenez de la morphine. Par exemple Fervex ou Donormyl.
  • La prise de morphine doit avoir lieu au moins 2 semaines après l’arrêt d’un antidépresseur IMAO.

Quels sont les effets indésirables de la morphine ?

Fréquents

  • Euphorie
  • Somnolence
  • Vertiges
  • Confusion
  • Constipation
  • Appétit diminué
  • Maux de tête
  • Nausées, vomissements
  • Altération du goût
  • Douleurs abdominales
  • Fatigue, sensation de malaise
  • Contractions musculaires involontaires

Indéterminés

  • Réactions allergiques
  • Transpiration excessive
  • Bouche sèche
  • Cauchemars, hallucinations
  • Dépression respiratoire voire apnée
  • Augmentation de la pression intracrânienne
  • Rétention urinaire
  • Inflammation du pancréas
  • Spasme du sphincter d’Oddi
  • Syndrome d’apnée du sommeil
  • Démangeaisons et rougeurs cutanées
  • Affections sévères de la peau
  • Dépendance physique et psychique
  • Syndrome de sevrage

Peu fréquents

  • Convulsions
  • Palpitations
  • Augmentation des enzymes du foie

Peut-on prendre de la morphine chez la femme enceinte ?

Grossesse

La morphine est déconseillée chez la femme enceinte. Toutefois, elle peut être administrée à faibles doses en cas de nécessité absolue.

Allaitement

La morphine est déconseillée chez la femme allaitante. Toutefois, elle est parfois prescrite de manière ponctuelle.

Prix/remboursement

Prix

De 8,22 € à 15,59 € les 10 ampoules injectables de morphine, 1,73 € à 5,17 € la boîte d’Actiskenan, 7,17 € à 21,93 € la boîte de Moscontin.

Remboursement Sécurité Sociale

Le reboursement de la morphine par la Sécurité Sociale est de 65 %.

Que faire en cas de pénurie de morphine ?

Raisons des pénuries

Tensions d’approvisionnement inexpliquées.

Alternatives

Prescription d’un autre antalgique de palier 3 comme l’oxycodone, le fentanyl.

Espace questions/réponses

Est-ce que la morphine accélère le décès ?

Non, son objectif est notamment de soulager les douleurs intenses chez les personnes en fin de vie. Toutefois, lorsque les doses de morphine deviennent élevées, cette substance active peut conduire à une dépression respiratoire conduisant à la mort.

Est-ce que la morphine est dangereuse pour le cœur ?

Non, la morphine n’est pas dangereuse pour le cœur. À fortes doses, elle affecte le système respiratoire.

Quel est l'effet de la morphine sur le cerveau ?

La morphine possède des effets antalgiques, sédatifs et euphorisants. Lorsqu’elle est prise à fortes doses sur une durée prolongée, elle peut être responsable de dépendance psychique voire physique.

Liste des médicaments

    Morphine : effets secondaires, élimination et soins palliatifs (13)

    Dr Justine Delestrées
    Pharmacienne

    Je suis docteur en pharmacie diplômée de l’Université de Rouen. Après avoir exercé en pharmacie de ville, j’ai suivi une formation d’initiation au journalisme et effectué un stage au sein d’un journal pharmaceutique.

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